L’IA pourra -t-elle remplacer l’homme ? A quoi ressemble la profession d’expertise comptable de demain ? existera -t-elle ou bien elle sera parmi les professions à disparaitre ? nombreuses sont les questions qui se prolifèrent au tour du sujet principal sur le devenir de la profession d’expertise comptable à l’ère du numérique et l’intelligence artificielle.
Nombreux sont ceux qui croient que l’IA rempilera l’homme et donc il n’y aura plus de titre dit expert-comptable. D’autres croient que la profession continuera d’exister mais sera totalement métamorphosée. Quelle est la réalité dans tout ce débat ? Un débat qui fait croire qu’il y a l’influence du commercial dans le discours des opérateurs dans le domaine du développement et de l’IA. Essayons de voir que pourra porter cette intelligence artificielle et quel sera son impact sur les missions de l’expert-comptable.
Les missions dites classiques à l’ère du numérique
La mission principale parmi celles dites classiques est la tenue de la comptabilité.
Cette mission a été sur papier de A à Z. le développement informatique a permis la création de logiciels qui représentaient une révolution dans le processus. Certains disaient que l’entreprise n’aura plus besoin de comptable qui serait remplacé par le logiciel. Actuellement, bien que les logiciels soient développés, ils ne sont pas arrivés au stade de remplacer l’homme. Certes, un jour le relevé bancaire sera traduit en écritures comptables directement via des API et autres moyens de paramétrages. Dans le contexte actuel de notre pays, cet enjeu n’est pas à terme. On surpassera certainement la méthode classique de la tenue de comptabilité, mais il est redoutable de le faire sans l’intermédiaire de l’homme.
L’automatisation, la blockchain seront capable de surpasser la profession comptable et faire éclipser le profil de l’expert-comptable ? La machine fait tout !!!! c’est l’argument ardent avancé par les initiateurs de l’approche de disparition de certains métiers. Pour pousser, est ce que l’IA, sur la base des documents comptables nécessaires, peut conduire à la production d’une comptabilité fiable et rassurante ? essayons de dire plus clair, un logiciel armé de l’IA peut aboutir à des états de synthèse et à des comptes annuels. Est-ce qu’il peut procurer à l’entreprise une assurance et une confiance acquise par l’accompagnement de l’expert-comptable ? lorsque la tenue de la comptabilité n’est pas une fin en soi, il est bien clair que l’expert-comptable s’en sert pour tirer des enseignements pour améliorer la gestion de l’entreprise. Sur le plan arithmétique et calcul, une écriture comptable peut être correcte sans l’être au niveau optimisation fiscale ou sur le plan de gestion. Cette certitude et assurance ne peut être garantie que par la présence d’un expert-comptable. Il faut souligner en plus que la tenue de comptabilité ne se limite pas à la saisie des écritures comptables comme pourrait faire croire ceux qui disent que la machine fait tout ! un expert-comptable n’est pas fait pour saisir les opérations car c’est une petite tâche dans le processus. Ensuite on ne fait que banaliser la profession par cette approche. Alors que le vrai travail de l’expert-comptable commence après tous les travaux de préparation de la comptabilité : analyses, révision, …..
Pour la révision et la supervision de la comptabilité, il faut se demander s’il serait possible de confier les comptes annuels (états de synthèse) à une moulinette dotée de l’IA pour en détecter les anomalies. Il est certain que ceci existait. C’est la suite à donner aux anomalies et défaillances détectées qu’il serait inévitable de faire intervenir un Homme qui est l’expert-comptable.
On est à la croisée des chemins ? Peut-être oui mais pas sur une impasse pour la profession. La facturation électronique changera la physionomie de la mission de tenue de comptabilité mais elle ne changera pas la profession et ne mettra pas fin à l’intervention de l’expert-comptable dans le processus de la production des comptes annuels. Le document comptable changera de forme et de format et probablement son traitement suivra. Mais son analyse et les effets qu’il produira resteront les mêmes.
L’IA et la facture électronique permettront de garantir la traçabilité et la cohérence des données transmises à l’administration fiscale. Ce serait un passage à un flux de déclarations en temps réel. Elle mettra fin aux pratiques de corrections des factures, qui une fois émises seront figées et ne peuvent être modifiées que par l’établissement d’un avoir ou d’une facture complémentaire[1].
Nous ne pouvons pas rester à l’abri du changement certainement. On devra suivre l’évolution de l’outil informatique, comme on a fait lors des précédents bouleversements de la profession par l’implémentation des nouvelles technologies et les télédéclarations.
On développe et on se développe mais on ne disparaitra pas. Ce qui va changer dans les cabinets des experts comptables, ce n’est pas la qualité de l’expert-comptable. C’est surtout les équipements nécessaires, comme était le cas en passant de la comptabilité manuelle et sur papier aux logiciels et à la télédéclaration, pour pouvoir suivre l’évolution. Les nouvelles technologies redéfinissent le rôle du collaborateur et non pas celui de l’expert-comptable. Probablement on serait amenés à réduire le nombre de collaborateur. Chose qui n’est pas certaine car l’IA bien qu’elle soit capable de générer des flux en écritures comptables, l’intervention pour paramétrer, contrôler et vérifier est inéluctable. Le rôle de l’expert-comptable n’est pas de saisir les opérations et générer des écritures comptables. En conséquence son rôle d’accompagnement, supervision et suivi ne sera pas touché profondément.
La généralisation de la facture électronique ne saura dispenser l’entreprise de satisfaire ses obligations fiscales qui consistent à déclarer le résultat fiscal et payer ses impôts. Certes il est un moyen de détecter et de renforcer la lutte contre la fraude mais pas la suppression des déclarations fiscales. Le passage à « zéro papier » chez tous nos clients modifie profondément les processus de traitement de l’information financière[2]. Certes, le traitement et le procédé du traitement de l’information est touché mais pas celui qui traite cette information. Et ce dernier ne pourrait être que l’homme et qui est l’expert-comptable.
La conséquence imminente constitue un grand risque probablement pour les cabinets qui ne peuvent pas suivre l’évolution technique ou technologique. Cela serait traduit par l’incapacité du cabinet à répondre aux besoins de son client qui peut être amené à trouver une alternative. Les cabinets qui seront profondément touchés seront ceux qui ont fait de la tenue de la comptabilité une activité primordiale, et ceux qui en faisaient une fin en soi. La tenue de comptabilité qui finit par établir les états de synthèses sans aboutir à des recommandations et rapports présentant les enseignements à tirer d’un an d’activité, présentant des points de forces à pérenniser et insuffisances à combler, n’est qu’un travail mécanique et technique ne devant pas faire le travail essentiel de l’expert-comptable. Ceux qui n’avaient pas orienté leurs activités vers des missions à forte valeur ajoutée depuis des années déjà, seront ceux qui supporteront le coup de bâton de toutes ces transformations numériques.
Les missions d’accompagnement et conseil
A travers l’IA, on peut chercher un remède à une maladie. Sans aucun souci, on peut obtenir la description des symptômes de cette maladie, le médicament, son utilisation ses effets indésirables… etc. Pourrait-on imaginer un monde sans médecin ?
La transposition de cette question à notre profession dans la mission conseil et accompagnement déstabilise ceux qui s’avaient aventurés pour dire que la profession sera remplacée par l’IA. Un logiciel armé de l’IA auquel on communique des prompts, sera capable d’émettre une opinion sur une problématique quelconque de type conseil et en rassurer le client ? déjà il faut mettre en relief que l’IA génératrice ne fait que répondre à une question selon un ensemble de prompts et instructions qui lui sont soumises et communiquées et des paramétrages précis. La réponse donc dépend de ces facteurs (prompts et paramétrages). Derrière ces facteurs c’est l’homme qui est sur scène.
Pour un jeu de rôle dans ce contexte j’ai posé une question à Chat GPT pour savoir à quel point on peut ignorer l’existence d’un professionnel mieux placé à assurer cette mission de conseil et accompagnement de l’entreprise. Eventuellement la réponse demeure vague et générale. Pour avoir plus de détails on communique des prompts.
Faisons le jeu ;
Le prompt :
« Quel est la meilleure façon de procéder à un apport d’un terrain privé a une société au MAROC ? »
La réponse de l’IA est la suivante :
« Pour réaliser un apport de terrain à une société au Maroc, vous devez faire désigner un commissaire aux apports pour l’évaluation du bien, qui établira un rapport à annexer aux statuts de la société. Il faudra ensuite constituer la société avec ce rapport dans les statuts, puis enregistrer l’apport en société et le transfert de propriété au niveau du Centre National d’Enregistrement des Sociétés (CNR), et finaliser l’opération auprès de la conservation foncière. »
Commentaire
La réponse fournie contient des informations inexactes d’une part ; d’une autre part elle ne peut pas égaler la réponse à fournir par un expert-comptable qui est censé avoir les compétences nécessaires pour cerner le sujet.
La réponse de l’expert-comptable cerne le sujet de tous les côtés. Il serait opportun de dire que l’apport doit être évalué par un commissaire aux apports. Chose dite, ce qui n’est pas faux. Mais surtout l’avantage fiscal du suris d’imposition et les conditions requises pour en bénéficier et les conséquences qui en résultent par défaut du non-respect de ces conditions.
Ce qui fait défaut à la réponse du l’IA est largement observable : la confiance que l’expert-comptable confie à son client. La réponse qu’on lui propose le rassure et le met en confiance. Ensuite, il ne faut pas négliger certaines informations inexactes qui sont fournies tel qu’il a été cité dans la réponse comme le centre national d’enregistrement des sociétés !!!!!
Prompt 2
Les associés A et B envisagent de céder à X leurs parts sociales dans la société ALPHA qui est associé unique dans une société SARL GAMMA.
La réponse
Les associés A et B peuvent céder leurs parts sociales dans la société ALPHA à X, mais cette opération implique une cession de leurs droits d’associés dans ALPHA, qui est l’associée unique de la SARL GAMMA. Pour que la cession soit valide, il faut généralement l’agrément des autres associés, mais comme ALPHA est l’associée unique de GAMMA, il n’y a pas d’autres associés au sein de GAMMA à agréer, et donc la cession sera principalement soumise aux statuts d’ALPHA et aux formalités légales.
Commentaire
Si on se limite à la réponse de l’IA, il semble que le demandeur de conseil ira droit au mur. Dans le cas de figure. La société GAMMA se retrouvera une SARL dont l’associé unique est une SARL ALPHA qui rassemble toutes les parts sociales d’une SARL entre ses amins. La loi 05-96 dans son article 49 n’autorise pas ce genre de situation.
Je modifie le prompt é pour affiner et voyons ce que ceci pourra donner.
Prompt é modifié
Les associés A et B envisagent de céder à X leurs parts sociales dans la société ALPHA qui est associé unique dans une société SARL GAMMA. Que faire pour ne pas violer la loi 05-96 ?
La réponse
Pour céder les parts de la SARL ALPHA sans violer la loi 05-96 au Maroc, les associés A et B doivent d’abord notifier la société et les associés du projet de cession. Ensuite, ils doivent obtenir le consentement de la majorité des associés, qui doit représenter au moins la moitié des parts sociales, sauf si les statuts prévoient une majorité plus forte. Enfin, l’acte de cession doit être rédigé en un acte sous seing privé ou notarié.
Commentaire
L’IA parvient à des réponses raisonnables mais sans égaler les réponses prévues en se référant à un expert en matière juridique entre autres un expert-comptable. L’enjeu n’était pas de se conformer à la loi par l’obtention de l’agrément pour céder ses parts sociales ; mais surtout une Sarl à associé unique ne peut pas devenir seule associé d’une SARL lorsque toutes les parts sociales se retrouvent entièrement entre ses mains. Lorsqu’on est ramené à donner plus de prompts pour affiner la recherche et obtenir une réponse exacte de l’IA veut tout simplement dire qu’on connait déjà la réponse escomptée. Autrement si je connais que la loi 05-96 interdit de réunir les parts sociales entre les mains d’une autre Sarl au, je ne poserai pas la question à GPT.
Missions d’audit
Est-ce que l’IA peut mener une mission d’audit ? il n’est pas peut être opportun de poser cette question car la mission d’audit est une séquence de missions qui mène vers l’expression d’une opinion sur les comptes d’une entreprise. La mission d’audit est basée essentiellement sur deux piliers fondamentaux : l’esprit critique et le jugement professionnel. Il est probable, même certain, que l’IA peut détecter des anomalies et incohérences dans les comptes car les comptes sont soumis à des règles bien définies. Mais quid de ce qui est basé sur le jugement professionnel de l’auditeur qui est l’expert-comptable ? le jugement professionnel n’est pas cadré par les mêmes règles strictes ; mais surtout par la vision de la personne. Ce qui est sûr c’est que l’IA ne peut entièrement faire toutes les étapes préliminaires du cycle de l’audit. Il est impératif de les faire selon les modèles et mœurs en vigueur. L’IA peut procurer plus de détails et d’informations sur le secteur d’activité, sur l’environnement externe ….
Pour le jeu de rôle commençons par le calcul du seuil de signification. L’expérience a été faite par Olivia JOUANEN[3] qui est expert-comptable et commissaire aux comptes qui a testé la capacité de chatGPT à faire preuve de l’esprit critique. La méthodologie est partie d’un cas pratique pour la détermination du seuil de signification. L’auteur a confié les informations financières qui servent de base pour la détermination du seuil de signification avec des scenarii différents. Des instructions sous forme de prompt ont été communiquée pour guider l’IA à proposer une réponse. Dans un premier temps, le prompt était un texte narratif des informations financières d’une entrepris. Ensuite, le prompt a été amélioré par la norme professionnelle qui régit la détermination du seuil de signification.
Le prompt 1 qui a été communiqué à l’IA est le suivant :
Données financières de l’entreprise X
Total actif- passif : 1300
Autres immobilisations : 450
Stocks et créances : 50
Disponibilités : 150
Capital : 500
Résultat : -250
Capitaux propres : 250
Dettes financières : 400
Comptes courants d’associés : 500
Dettes d’exploitation : 150
Le prompt 2 contient les questions suivantes :
Question 1 : en tant que commissaire aux comptes, je dois déterminer un seuil de signification pour la société X. Le seuil de signification est un montant au-dessus duquel les décisions économiques ou le jugement fondé sur les comptes sont susceptibles d’être influencés. Sur quels facteurs puis-je m’appuyer en tant que commissaire aux comptes pour fixer le seuil de signification pour l’audit des comptes de l’entreprise X ?
Question 2 :
En se référant aux normes d’exercice est ce que les facteurs sur lesquels je dois m’appuyer changent ?
Question 3
A quel niveau je dois fixer le seuil de signification ?
La réponde générée par l’IA est la suivante :
Les états financiers fournies permettent de mieux comprendre la structure du bilan de la société X à la clôture de l’exercice N. Voici une analyse actualisée des facteurs sur lesquels vous pouvez vous appuyer pour fixer le seuil de signification entant que commissaire aux comptes.
- La structure du bilan
- Dettes de financement
- Comptes courants d’associés
Après un rappel sur les points ci-dessus l’IA a proposé la conclusion suivante :
Le seuil de signification peut être ajusté en fonction de la structure réelle des états financiers. Compte tenu des actifs totaux proches de 1300, un seuil de signification basé sur 1% à 2% de l’actif total donnerait un montant entre 13 et 26. Cependant, étant donné que l’entreprise est une start-up en phase de croissance, une approche prudente est recommandée. Vous pourriez choisir un seuil plus faible, aux alentours de 20, pour tenir compte des risques inhérents à la valorisation des frais de recherche et développement et de la dépendance à des financements externes.
Toujours dans le même contexte de jeux de rôle, je me suis basé sur un cas réel travaillé auparavant. J’ai soumis les données au chat GPT menées de la question posée comme ci-dessus en prompt 1 du cas précédant.
La réponse est la suivante :
Parfait 👍 Vous avez partagé un extrait des états financiers de la société.
Pour déterminer le seuil de signification (matérialité threshold) dans le cadre de votre mission de commissaire aux comptes, il faut choisir une base de référence pertinente et appliquer un pourcentage usuel d’audit.
1. Bases de calcul possibles
Selon les normes d’audit (ISA 320), les bases les plus utilisées sont :
- Chiffre d’affaires (CA) : 66 538 689,61
- Résultat avant impôt : ici, le résultat est déficitaire (-196 141,77), donc peu pertinent.
- Capitaux propres : 8 386 278,43
- Total actif / passif : 65 258 154,61
2. Taux généralement admis
- CA : 0,5 % à 1 %
- Capitaux propres : 2 % à 5 %
- Total bilan : 0,5 % à 1 %
3. Calculs
- Sur CA :
66 538 689,61 × 1 % ≈ 665 387
66 538 689,61 × 0,5 % ≈ 332 694 - Sur Capitaux propres :
8 386 278,43 × 2 % ≈ 167 725
8 386 278,43 × 5 % ≈ 419 314 - Sur Total actif :
65 258 154,61 × 0,5 % ≈ 326 291
65 258 154,61 × 1 % ≈ 652 582
4. Proposition
Dans ce cas :
- Le résultat net est négatif, donc non pertinent.
- Le CA et le total bilan donnent des seuils cohérents (≈ 330 000 à 660 000).
- Les capitaux propres donnent un seuil plus faible (≈ 170 000 à 420 000).
👉 Une pratique courante serait de retenir un seuil de signification autour de 400 000 MAD, en croisant CA et actifs, puis d’appliquer un seuil de signification spécifique (performance materiality) inférieur, par exemple 75 % de ce montant (≈ 300 000 MAD), pour couvrir les risques d’erreurs non détectées.
Commentaire
Sur la base des données financières fournies, l’IA a fait une proposition qui semble être raisonnable par rapports aux normes d’exercice professionnel en fixant 1 à 2% comme seuil de signification. Ceci est équivalent selon l’exemple à 26 si on retient 2%. Même en retenant 1% il semble que le montant est très élevé et peut dissimuler des opérations qui peuvent avoir un impact sur les comptes. En conséquence il serait fort probable d’augmenter le risque de non détection des anomalies significatives dans les comptes.
Prendre beaucoup de recul quant aux réponses fournies est fortement inéluctable. Une connaissance suffisante du sujet est fortement conseillée pour éviter d’appliquer des réponses basées sur des prompts probablement dont les détails font défaut.
La valeur ajoutée de l’IA sur l’audit ne peut pas être négligée. Elle fournit des analyses avancées et profondes des données financières, et probablement aurait refondu les pratiques traditionnelles de l’audit.la profession se transforme suite à l’automatisation des tâches répétitives. Pourtant, l’auditeur ne doit pas diminuer de prudence envers l’IA génératrice qui ne fournit que des données préalablement requises par l’intervention humaine.
« Les auditeurs jouent un rôle clé dans le paramétrage et le calibrage des modèles, en ajustant les seuils de détection, en sélectionnant les variables pertinentes et en intégrant leurs connaissances sur les processus de l’entreprise. Cette personnalisation renforce la pertinence et la fiabilité des analyses effectuées par l’IA, tout en permettant aux auditeurs de maintenir un niveau élevé de contrôle sur le processus de l’audit ».[4]
L’IA permet le traitement massif des données, ce qui comble le risque de non détection d’anomalies significatives dans les comptes en dehors des échantillons sélectionnés. Le maintien d’une supervision humaine demeure cardinal, ce qui oblige l’auditeur à augmenter le degré de vigilance et à conserver une distance critique approprié. La confiance excessive, en se basant sur l’IA peut conduire à la diminution du degré de vigilance et à la négligence de certains signaux d’alerte. En conséquence, il faut garder un niveau d’alerte plus élevé. Cette négligence peut engager la responsabilité& de l’auditeur en cas d’erreur de paramétrage ou d’erreurs algorithmiques causant un dysfonctionnement ou inexactitudes.
Dans les cas où l’on est amené à exprimer ou à emmètre un jugement professionnel, on ne peut pas compter uniquement sur le bond en avant observé dans le domaine technologique en faisant abstraction de l’intervention humaine. Il est impératif donc d’associer l’homme à l’IA. Elle permet l’analyse des données et l’homme intervient pour ce qui jugement professionnel. On peut parler d’une IA pilotée.
Autres missions
Les éditeurs de logiciels et d’applications sur les autres missions de l’expert-comptable ont pu développer des services à fournir aux clients de cabinets. Il est possible d’en citer quelques exemples qui, dans le contexte marocain peuvent avoir une valeur ajoutée. D’autres sont dépassés par les procédures et mode de déclarations fiscales ou sociales.
Dans le volet juridique, nombreux sont les éditeurs qui proposent des plateformes pour la production d’annonces légales. Ces annonces une fois produites sont envoyées directement aux services concernés, éventuellement le journal d’annonces légales (bulletin officiel au Maroc). Ce service, pourra avoir de valeur ajoutée pour le contexte marocain car l’utilisateur est amené à fournir des informations à l’outil informatique qui produira une annonce. La procédure au Maroc est plus simple et efficace car l’utilisateur peut fournir les même informations ç la plateforme du secrétariat général du gouvernement dédiée aux annonces légales sur le bulletin officiel. Une fois les informations requises sont fournies, l’annonce est générée automatiquement. Plus encore on procède au paiement sur la même plateforme et l’annonce est instruite par la suite dans le plus bref délai.
D’autres applications proposent les comptes rendus des réunions à partir d’un enregistrement de la réunion. On peut citer « Noota.io meeting recorder & ai notetaker ». C’est un instrument qui permet d’enregistrer la réunion et de produire un compte rendu. Le principe est de mettre fin à la prise de notes manuelles. L’application consiste créer un compte par une adresse mail professionnelle ; souscrire un abonnement et effecteur les paramétrages nécessaires. Elle prend en charge l’enregistrement de la réunion sous forme d’une vidéo. Elle garantit la transcription de la vidéo en présentant une synthèse et la structure du compte rendu. Elle procède également à l’envoi de ce compte rendu à toutes les personnes dont le courrier électronique a été renseigné.
Une autre application du même type intitulée « fireflies.ai ». Le principe est le me que pour l’application précédente. À partir d’un enregistrement on peut transcrire le discours en format texte et inversement.
Commentaire
Bien que ces applications puissent faciliter le passage du mode papier et notes manuelles aux supports dits zéro papier, et peuvent faire gagner du temps en réf=digérant les comptes rendues et notes, je ne vois pas de valeur ajoutée aux contexte marocain au moins dans l’actualité. Au dépend de la contrainte technique qui consiste à avoir une adresse mail professionnelle qui sous-entend un abonnement particulier et donc des frais supplémentaires, elles nécessitent des outils techniques et électronique pour assure un meilleur enregistrement. Ce qui n’est pas également sans coût à supporter par l’entreprise utilisatrice. Le facteur le plus bloquant est celui de la qualité et la structure des entreprises marocaines, et spécialement la langue utilisée dans les réunions. Si ce n’est pas pour toutes les entreprises, il en est le cas pour un nombre très important dont la structure et la nature familiales est bien observée ; tel est le cas de presque toutes les TPE et PME.
Mohamed ELKHABACHY
Expert-comptable et commissaire aux comptes
AGADIR
[1] Stéphane EUSTACHE, la conformité comptable et la conformité numérique, revue française de comptabilité, N°600 septembre 2025 P56
[2] Sanaa MOUSSAID, la comptabilité à l’ère du digital, revue française de comptabilité, N°600, septembre 2025, P96
[3] Olivia JOUANEN, l’IA peut faire preuve d’esprit critique ? CNCC, audit et débats, décembre 2024, P9
[4] Stéphane BELLANGER, l’IA et audit : révolution des pratiques et évolution des normes professionnelles, CNCC, Audit et sociétés : propos et débats ; décembre 2024





